Fin de l'humanité par l'IA : un chercheur l'avait prédit, mais était trop occupé à rédiger l'algorithme d'auto-destruction.
Genève (Palais des Nations).
Genève (Palais des Nations).
Les chancelleries s'affolent, les diplomaties souterraines s'activent, et un nouveau point d'achoppement, plus absurde que les précédentes escarmouches commerciales, vient de surgir sur la scène internationale : la fin du monde par l'Intelligence Artificielle. Le facteur de déstabilisation ? Un certain Nate Soares, de l'obscur Machine Intelligence Research Institute (MIRI) de Berkeley, qui, armé d'un livre au titre aussi subtil qu'un coup de marteau – If Anyone Builds It, Everyone Dies –, s'est autoproclamé chevalier de l'apocalypse algorithmique.
Ce "doomer" de l'IA, comme on les appelle dans les salons feutrés de Davos (où l'on préfère le champagne à la survie de l'humanité), a réussi l'exploit de transformer une querelle de geeks en une crise géopolitique de première ampleur. Il faut dire que le camp des "pessimistes technologiques" compte désormais des personnalités dont l'influence est inversement proportionnelle à la crédibilité de leurs prédictions. Monsieur Elon Musk, dont l'acuité visionnaire est inversement proportionnelle à sa capacité à livrer un Cybertruck, a décrété que "les choses pourraient tourner mal à 10 ou 20% des cas". Un calcul digne d'une cour de récréation estimant si le goûter sera au chocolat ou à la fraise. Son compère Dario Amodei, patron d'Anthropic, a surenchéri avec un audacieux "25% de chances que les choses tournent vraiment très mal." On se croirait à un concours de "qui a la plus grosse prédiction apocalyptique".
Face à ce psychodrame technologique, le Conseil de Sécurité Technologique (une de mes créations pour l'ONU, qui ne sert à rien si ce n'est à justifier des notes de frais) s'est réuni en urgence. Après vingt-quatre heures de négociations bilatérales infructueuses et de lancements de canapés miniatures, les délégations ont pondu une "déclaration conjointe" exhortant l'ensemble des acteurs à la "prudence et au dialogue constructif", tout en s'engageant à "explorer de nouvelles pistes de réflexion pour une feuille de route éthique des intelligences artificielles superintelligentes". On a l'impression d'assister à une réunion de syndic de copropriété tentant de régler le problème du chien du 3ème qui aboie trop fort, alors que l'immeuble est sur le point de s'effondrer.
La semaine prochaine, on nous annoncera probablement la création d'un groupe de travail ad hoc pour étudier la faisabilité d'une autre lettre ouverte. Et le chercheur Soares, lui ? Il aura sans doute déjà breveté la mélodie de l'extinction, histoire de s'assurer les droits d'auteur avant la grande coupure.
Zone de retour à la réalité
🤯 Vous n'avez pas compris la blague ? Lisez la réalité (c'est plus chiant).(Lien externe vers une source d'information garantie 100% sans humour)