Face à la dénatalité, les adultes se sacrifient et achètent des jouets pour eux-mêmes : « C'est pour le PIB, pas pour mon Lego Star Wars »
Claye-Souilly, Seine-et-Marne.
Claye-Souilly, Seine-et-Marne. Dans les allées silencieuses des centres commerciaux, une ombre funeste plane. L'écho des rires enfantins s'est estompé, laissant place à une angoisse existentielle pour le marché du jouet. Mais, au cœur de cette tourmente démographique, une nouvelle phalange de consommateurs a émergé, porteurs d'un sacrifice inattendu : les "kidultes". Ils sont le dernier rempart, les héros malgré eux d'une économie vacillante, achetant pour eux-mêmes ce qui fut jadis le privilège de l'enfance. L'émotion est palpable.
La vérité, crue et sans fard, nous est livrée par les chiffres glaçants de Circana : le marché du jouet a bondi de 9 % cette année, une croissance « jamais vue depuis vingt-cinq ans » selon Jacques Baudoz, PDG de JouéClub. Mais ne vous y trompez pas ! Ce n'est pas la joie des fêtes qui fait grimper les ventes, non. C'est le poids écrasant de la responsabilité qui pèse sur les épaules des adultes, contraints d'acquérir puzzles complexes et boîtes de Lego à 850 euros pour stimuler un PIB anémique. À Claye-Souilly, les "fan-zones" des magasins de jouets sont devenues des lieux de pèlerinage pour ces nouveaux martyrs de la consommation.
Nous avons recueilli des témoignages bouleversants :
« C'est une abnégation de tous les instants », nous confie Gérard, 58 ans, ancien chaudronnier à la retraite, brandissant fièrement une réplique de chasseur stellaire. « Mes petits-enfants ? Ils jouent sur tablette ! Alors qui va soutenir la filière, Sandrine ? Qui ? Je me lève chaque matin avec la détermination d'investir dans le secteur, pour l'avenir de la nation. Ce n'est pas pour moi, vous savez, la joie de construire... c'est pour l'emploi ! » Le vieil homme essuie une larme discrète.
Un peu plus loin, devant un rayonnage de figurines articulées, nous interpellons Évelyne, 42 ans, coiffeuse à domicile. « J'ai hésité avec une nouvelle voiture, mais le devoir m'appelle », nous dit-elle, serrant contre elle une poupée articulée en édition limitée. « Chaque achat est un acte citoyen. Le gouvernement a bien lancé le "Protocole Jouet-Relance" pour nous inciter à l'action. On m'a dit que chaque brique de Lego achetée ajoutait un pixel d'espoir au tableau de bord économique. Alors je fais ma part, pour que la France rayonne à nouveau ! »
Ainsi, dans cette France confrontée à ses propres paradoxes, le marché du jouet devient le miroir tragique d'une société où les adultes, par un sacrifice ultime, troquent leur insouciance contre des figurines de collection. Une question demeure sur toutes les lèvres : jusqu'où irons-nous pour le salut de notre économie, quand le bonheur enfantin lui-même doit être recréé par ceux qui l'ont déjà perdu ? L'histoire jugera ces héros discrets.
Zone de retour à la réalité
🤯 Vous n'avez pas compris la blague ? Lisez la réalité (c'est plus chiant).(Lien externe vers une source d'information garantie 100% sans humour)